La CEB (Communauté Ecclésiale de Base) ou CCB (Communauté Chrétienne de Base) ou CEV (Communauté Ecclésiale Vivante) ou CEVB (Communauté Ecclésiale Vivante de
Base), est une communauté regroupant le peuple de Dieu (fidèles laïcs,
catéchumènes, prêtres, religieux et religieuses d’un village, d’un quartier,
d’un secteur ou sous-secteur donné). Il peut également exister des CEB par
affinité professionnelle (CEB d’avocats, de médecins etc.).
La CEB se
confie à un Saint Patron dont elle porte le nom et tente d’en imiter les
vertus.
Nées en Amérique latine, plus
précisément au Brésil, les
Communautés Ecclésiales de Base (CEB), qui n’étaient en 1968 qu’une expérience
balbutiante, se sont multipliées en Amérique latine et dans le monde. Les communautés de base latino-américaines sont nées
de mouvements sociaux et démocratiques, en milieu rural ou urbain : soutien des
paysans sans terre, création de coopératives agricoles ou alimentaires, de
centres de soin, de centres d’accueil et de formation pour les enfants des rues
et les femmes victimes de violences, entraide communautaire pour construire des
logements, favoriser l’accès à l’eau et à l’électricité, etc. Ce n’est qu’après
s’être organisées de la sorte qu’elles ont été prises en charge par l’Eglise
Latine. Regroupant des militants catholiques, elles ont d’abord consolidé la
société civile et la démocratie. Elles
s’inspiraient de l’expérience des toutes premières communautés chrétiennes, où
célébrations et attitudes de vie se rejoignaient dans un témoignage
communautaire.
Mais si tout le monde a entendu parler de l’expérience
latino-américaine, force est de constater que les CEB africaines sont beaucoup
moins connues, alors qu’au cours de la décennie 1970-1980, la très grande
majorité des Conférences Episcopales d’Afrique a opté pour une pastorale des Communautés
Ecclésiales de Base.
En conclusion,
on peut noter qu’en Amérique latine l’initiative étant venue des laïcs, l’Église
institutionnelle n’avait fait, finalement, que légitimer un système déjà
existant, à l’inverse de l’Afrique où les CEB ont été imposées par la
hiérarchie ecclésiale.
Lors du Synode
des Évêques pour l’Afrique en 1994, les CEB sont apparues comme un magnifique
ferment de communauté pour renforcer l’Église famille de Dieu en Afrique. Il
est en effet évident depuis Vatican II que le renouveau pastoral doit
s’effectuer à partir du renouveau de la vie communautaire. Les CEB peuvent
ainsi répondre au problème fondamental du décalage entre l’institution
ecclésiastique et la vie du peuple qui a souvent pour conséquence que la vie
des baptisés est trop peu cohérente avec leur foi.
Mais ce n’est pas par souci d’accorder plus de poids aux
laïcs que l’ensemble des Églises africaines, a opté pour une pastorale des
communautés de base, mais bien plutôt parce que l’adoption d’une telle
pastorale s’est révélée nécessaire pour la survie même de l’Église catholique
sur le continent, une Église longtemps coupée de sa base. Confier à la
communauté la responsabilité de sa foi permet donc à l’Église d’entretenir une religiosité et des pratiques
chrétiennes fortes avec peu de prêtres.
L’adoption
d’une pastorale des CEB permet à
l’Eglise d’entrer
dans la concurrence communautaire vis-à-vis des autres religions. En effet, l’Église a longtemps suscité des conversions
individuelles. Cependant, une telle stratégie contribuait à couper les catholiques de leur famille et des solidarités
traditionnelles. Ainsi isolés, les nouveaux convertis demeuraient très fragiles
et les échecs étaient nombreux.
Les
CEB constituent une réaction contre ce choix pastoral du salut individuel. En
insérant ainsi le catholique dans une communauté, l’Eglise est désormais plus à même de lutter contre l’extension de l’Islam, de certaines
Eglises protestantes et contre le retour des pratiques animistes, religions qui
ont toujours accordé une grande place à la
dimension communautaire.
Dès
le début des années 60, le catholicisme a été en butte aux critiques de
nombreux théologiens africains. Ceux-ci lui reprochaient d’être resté une
religion étrangère dans la mesure où son expression continuait à être fortement marquée par la culture occidentale. Les
Eglises locales se sont donc appliquées à rechercher
les moyens de leur « africanisation ».
C’est en
cela que le Pape
Paul VI déclara, lors de son voyage à Kampala en
Ouganda, en 1967 : « Il faut que l’Africain, en
devenant chrétien, n’ait plus à se
renier lui-même ». C’est la raison pour laquelle on a finalement
accordé aux CEB le soin de rechercher elles-mêmes les expressions adaptées à
leur foi car étant plus proches des problèmes, elles étaient les plus à même
d’élaborer des éléments de réponse adéquats.
La crise
des vocations montre qu’il est urgent de décentraliser la paroisse pour
susciter et vivifier, sur le territoire de la paroisse, des communautés ecclésiales
de base où les chrétiens se sentent davantage «partie intégrante» de
l’Eglise. Ces communautés ecclésiales de base permettent de susciter un
dynamisme spirituel et populaire qui peut se répandre comme une traînée de
poudre.
Par ailleurs, les CEB sont aussi des lieux de promotion et de
formation des laïcs. Elles permettent leur implication dans l’action pastorale
de l’Eglise. Elles sont des acteurs de la vie ecclésiale, elles s’occupent de
la pastorale, du catéchisme, de l’évangélisation et du service social, de
l’œuvre caritative grâce à la participation active des membres qui ont
d’étroits contacts avec la société. Elles sont par ailleurs d’un très grand
soutien pour les évêques et les prêtres.
Enfin, les
communautés ecclésiales de base accompagnent au quotidien les aspirants aux
sacrements dans leurs démarches ainsi que leurs vies respectives.
Benoît XVI lors de la
visite ad limina de l’épiscopat
congolais en 2005 a déclaré : « Vous
soulignez la nécessité de travailler à une évangélisation en profondeur des
fidèles. Les Communautés Ecclésiales Vivantes, présentes en tout point de vos
diocèses, reflètent bien cette évangélisation de proximité qui rend les fidèles
toujours plus adultes dans leur foi, dans un esprit de fraternité évangélique
selon lequel tous s’efforcent de penser ensemble les divers aspects de la vie
ecclésiale, notamment la prière, l’évangélisation, l’attention aux plus pauvres
et l’autofinancement des paroisses ».
Continuant dans la même
ligne que le pape, Mgr Nicolas Djomo, évêque au Congo Kinshasa, affirma à sa
suite : « nous devons arriver à
consolider les CEB, en tant que noyau de la nouvelle évangélisation en
profondeur ».
Au plan Socio-économique,
les CEB peuvent créer des PME ou lever des fonds pour se donner les moyens de
mener à bien des projets sociaux. Comme projets sociaux, elles peuvent
mener des actions en aidant les
pauvres, les étrangers, les veuf/s (ve/s), les orphelin(e)s, les sinistrés, les
déplacés de guerre et les réfugiés. Elles peuvent aussi former des groupes de mères, de jeunes. Les CEB peuvent même
créer au sein de leur secteur ou sous-secteur des garderies d’enfants, des
dispensaires de santé, des écoles publiques, etc. Elles forment un réseau de
fraternité et de solidarité qui sert de fondation aux projets
socio-économiques. Exemples d’axes sociaux sur lesquels une CEB peut orienter
son action : Le
taux de chômage, le taux d’alphabétisation, la lutte contre la drogue chez les
jeunes, la lutte contre la cybercriminalité chez les jeunes, etc.).
Pourtant beaucoup de CEB en Afrique déclarent ne pas avoir
d'engagements dans le domaine socio-économique et sont donc loin d’avoir
atteint leurs objectifs dans ce domaine.
Les CEB
sont aussi un lieu de la réconciliation. En elles, des groupes en conflits
trouvent l’opportunité de se rencontrer face à face et de découvrir qu’ils sont
avant tout des frères, cherchant ce qui peut les unir. En elles, chacun est
convaincu que le pardon est possible ; que la haine, la vengeance, le
conflit ne sont pas une fin et qu’on peut toujours décider de s’acheminer vers
la réconciliation fraternelle. Elles sont des communautés de fraternité universelle.
Les
Communautés Ecclésiales de Base sont des communautés de foi, réunies au nom du Seigneur, dans
l’esprit des Actes des Apôtres et ayant au cœur la Parole de Dieu. Leur façon
de vivre la foi apparait éclairante dans la vie de tous les jours. La CEB est
une communauté qui vit sa foi et éduque ses membres à la foi. Une foi qui se
fait vie et témoignage de vie ! Quand par exemple une ethnie accueille dans sa
maison d’autres ethnies, sans privilégier les conflits séparant les différentes
fractions sociales et tribales, on se rend subitement compte de l’efficacité
que la fraternité évangélique imprime dans les cœurs des hommes.
Les CEB
sont aussi est des communautés d’espérance, c’est-à-dire des communautés qui veulent
vivre et faire vivre au-delà des vicissitudes sociales. Elles lisent les signes
des temps et agissent sur leur milieu avec la conviction de n’avoir aucune intention
de céder au découragement. Dans les CEB les sinistrés de guerres par exemple trouvent
des maisons et surtout des frères et des sœurs qui les accueillent et qui leur
redonnent la joie de vivre.
Les CEB
sont aussi des communautés de charité faisant des béatitudes
leur leitmotiv.
3.
EXEMPLE
DE FONCTIONNEMENT D’UNE CEB
Le bon
fonctionnement des CEB est fruit d’une collaboration pluridimensionnelle : de
l’évêque au tout dernier fidèle de la périphérie de la dernière paroisse. Cette
collaboration de tous permet plus d’efficacité.
En plus
de la grâce de l’Esprit-Saint, la compétence est de rigueur. C’est pourquoi il
est très nécessaire que les catéchistes, ou mieux les animateurs des CEB,
soient suffisamment formés pour porter de poids de leur vocation. Voilà
pourquoi aux Évêques congolais Benoit XVI n’a pas hésité à dire ceci en
2005 toujours lors de sa visite ad limina
de l’épiscopat congolais en 2005: « Dans cette perspective, je vous encourage à veiller avec
une attention extrême à la qualité de la formation permanente des responsables
de ces communautés, notamment les catéchistes dont je salue le dévouement et
l’esprit ecclésial ».
Déjà au
Diocèse de Tshumbe en République Démocratique
du Congo en 1976, il avait été reporté « que les Catéchistes sont les piliers de nos jeunes Églises
africaines. Les prêtres, même s’ils sont nombreux, sont dans l’impossibilité de
proclamer de manière permanente la Parole de Dieu dans toutes les Communautés
Ecclésiales. Pour enseigner le Catéchisme, pour entretenir d’une manière
permanente la vie chrétienne dans les Communautés Ecclésiales et pour présider
les assemblées dominicales à l’absence du prêtre, indispensables sont les
Catéchistes ».
Á l’intérieur des
Communautés Ecclésiales de Base, il existe plusieurs ministères, groupes et
pastorales, qui ont tous leur propre leader élu dans des conseils
représentatifs ou nommés par les agents pastoraux (Prêtres). La CEB s’appuie
sur la pédagogie du «voir, juger, agir» développée par l’Action catholique.
En
général, ces communautés devront être le fruit de l’initiative des agents
pastoraux, mais certaines proviendront sans doute des membres d’une communauté
où il n’y a ni chapelle ni prêtre. L'organisation globale de ces petites
sociétés (commune ou quartier), doivent rapidement été prises en mains par
leurs membres se substituant à l'administration ecclésiastique déficiente. On
se partage les tâches, on élit des responsables aussi bien au niveau de la vie
religieuse (catéchèse, liturgie) qu'au niveau de la vie civile (santé,
éducation, loisirs, logement, etc.). La lecture et les commentaires de la Bible
constituent la base de ce partage.
Elles
devront être soutenues par leurs évêques qui devront favoriser la formation de
communautés chrétiennes, comme de petites cellules de la grande paroisse
souvent trop lointaine. Ces actions viseront à former des communautés où les
chrétiens partagent la coresponsabilité de la vie et de la mission de l’Église.
Il s’agit pour ces communautés alors de diriger les activités religieuses et
d’organiser les visites du curé en préparant les Laïcs (enfants, jeunes et
adultes) aux sacrements de Baptême, d’Eucharistie, de Confirmation et de
Mariage.
En plus de jouer tous les rôles que nous venons de citer, la CEB idéale serait, selon le Vicariat Apostolique de Mongo[1] une communauté d’association d’environ 30 personnes sans ségrégation sur le sexe, l’âge, la culture, l’ethnie, etc. (de 20 à 100 membres selon le Blog des Paroissiens Progressistes[2] ; une cinquantaine de personnes selon d’autres sources).
Or, actuellement, elles rassemblent beaucoup plus de
personnes, ce qui nuit à leur fonctionnement et réduit
leur dimension communautaire.
Sources
Vicariat Apostolique de Mongo (http://eglisemongo.org/spip.php?article113)
Les Paroissiens Progressistes (http://paroissiens-progressiste.over-blog.com/article-les-communautes-ecclesiales-de-base-une-solution-a-long-terme-pour-le-manque-de-vocations-110619754.html)
Florence BOILLOT sur « Les Communautés
Chrétiennes de Base au Burkina Faso »
Albert-Désiré NGELESE NANGAA dans « L’Église
active dans l’histoire des hommes, Cas des communautés ecclésiales vivantes de
base CEVB »
Bernadette CONFE, Présidente du Conseil National
du Laïcat du Burkina dans « Les Communautés Ecclésiales Vivantes,
Lieux d’approfondissement et de partage de la foi », Congrès
panafricain des Laïcs Catholiques, YAOUNDE du 4-9 Septembre 2012.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire