I. Première partie
1. CHANT D’ENTRÉE
Avant la
célébration dominicale, l’unité de la communauté chrétienne est réelle,
mais invisible. Le chant contribue à rendre visible l’unité créée par l’assemblée
et sa fonction est de préparer à l’Eucharistie, c’est-à-dire à une action de
grâce pour la Parole de Dieu reçue et pour le pain partagé en priant doublement
selon ce que disait St Augustin : « Chanter, c’est prier deux
fois ».
2. BAISER DE L’AUTEL
L’autel, point
central de l’église symbolise le Christ, pierre d’angle rejetée des
bâtisseurs (Ac, 4,11). Ainsi, l’autel est :
le lieu où
s’accomplit le sacrifice parfait dont on retrouve les préfigurations dans
l’Ancien Testament.
il est aussi le
centre de l’action de grâce, la table où se célèbre le repas du Christ
et, en même temps,
le signe du
Christ Jésus au milieu de la communauté.
il symbolise
aussi le tombeau des martyrs sur lequel les premiers chrétiens
célébraient l’Eucharistie.
Avec le temps, l’Église a pris l’habitude de sceller les reliques d’un
saint dans une pierre encastrée dans l’autel : c’est la pierre d’autel.
Sur cette pierre sont gravées cinq croix en rappel des cinq plaies de Jésus
crucifié.
Le baiser que le prêtre fait sur l’autel au début de la célébration est un
geste de vénération et de respect envers le Christ. Il indique que tout est
référé au Christ, Lui qui est l’autel, le prêtre et la victime (Hb 4,14s).
Ayons donc du respect pour l’autel, saluons-le avec dignité lorsque nous
passons devant lui, car il est l’endroit où se renouvelle quotidiennement le
sacrifice de Jésus au Calvaire.
3. LE SIGNE DE LA CROIX
C’est le signe des chrétiens qui se rappellent que Jésus est mort sur la
croix par amour pour tous les humains. Au début de la messe, avec tous ceux qui
sont rassemblés, nous traçons sur nous ce signe. Il doit être ample pour nous
envelopper comme s’il était un vêtement ; le vêtement du chrétien, sa
véritable dimension. Toutes les prières du chrétien devraient débuter et
s’achever par ce signe de foi en Dieu Père, Fils et Saint-Esprit.
Naturellement, ce signe n’est pas un geste magique qui nous confère des
pouvoirs quelconques. Il n’est qu’un signe qui veut nous remettre en mémoire
notre véritable condition de chrétien et par là, nous inviter à vivre en
correspondance avec ce que nous sommes.
L’assemblée adhère à cette profession de foi qui manifeste son identité
chrétienne en répondant « AMEN », c’est-à-dire « OUI, nous y croyons ».
4. SALUTATION AU PEUPLE
Après le signe de la croix, le prêtre continue la célébration en saluant le
peuple de Dieu par une des trois formules suivantes :
- « Le Seigneur
soit avec vous » (2 Th 3,16)
- « La grâce de
Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint
soient toujours avec vous » (2 Co 13,13)
- « Que Dieu,
notre Père et Jésus-Christ notre Seigneur vous donnent la grâce et la paix » (1
Co 1,3 ; Ep 6,23).
Ces formules de salutation au peuple de Dieu sont les formules utilisées
par les apôtres dans leurs lettres destinées aux premières communautés
chrétiennes. Elles expriment la même certitude de foi qui anime l’assemblée
chrétienne : Dieu est au milieu de nous et c’est Lui qui nous
rassemble.
En effet, ces salutations nous rappellent que Jésus est toujours présent au
cœur de son Église comme Il l’a promis : « Lorsque deux ou trois seront
réunis en mon nom, je serai là au milieu d’eux » (Mt 18,20). Ainsi, c’est
Dieu qui s’adresse à son Église par la bouche du prêtre.
Le peuple répond alors au prêtre « Et avec votre esprit » (Ph 4,
23), c’est-à-dire avec la capacité qu’il a reçue lors de son ordination de
présider la messe.
5. RITE PENITENTIEL ET KYRIE
Le prêtre invite l’assemblée à « se reconnaître pécheur »,
c’est-à-dire à demander la grâce d’un cœur contrit de ses péchés. Le
rite pénitentiel est une excellente préparation pour accueillir la parole
de Dieu et pour communier en vérité au Corps et au Sang du Christ. Cela nous
remet à notre juste place. En effet, nous appartenons à un peuple de pécheurs
pardonné et sanctifié par le Christ. Il s’agit de demander et d’accueillir la
grâce de Dieu pour nous reconnaître pécheur : de nommer dans le secret de notre
cœur tous ces manquements qui sont éloignements de Dieu et dont nous serons
purifiés par la grâce de l’Eucharistie.
Pour nous, prendre la mesure de notre péché, c’est prendre la mesure de
l’amour de Dieu qui nous pardonne. Pour vivre le rite pénitentiel, quatre
formules sont proposées :
- Le « Je confesse à Dieu », l’une des plus anciennes prières.
Confesser, c’est à la fois avouer et reconnaître : c’est faire ou laisser Dieu
faire la vérité dans notre vie. Cette prière nous situe concrètement en
responsabilité devant Dieu et nos frères.
- La seconde prière, faite de versets de psaumes dialogués entre le célébrant
et l’assemblée :
- Seigneur, accorde-nous ton pardon.
- Nous avons péché contre Toi.
- Montre-nous ta miséricorde.
- Et nous serons sauvés.
- Le prêtre peut dire ou chanter ces invocations :
- Seigneur Jésus, envoyé par le Père pour guérir les hommes - Prends pitié de nous
- Christ, venu dans le monde, appeler tous les pécheurs - Prends pitié de nous.
- Seigneur, élevé dans la gloire du Père où tu intercèdes pour nous - Prends pitié de nous.
Le Kyrie
Eleison suit le rite pénitentiel sauf dans la troisième formule
où il est intégré. C’est une prière (en grec) héritée des origines de l’Église.
Ce rite litanique reprend la demande de miséricorde adressée à Jésus par les
aveugles et d’autres malades : « Seigneur, prends pitié, O Christ, … »
(Mt 15,22 ; Mt 20,30 ; Mc 10,47)
- La quatrième formule du rite
pénitentiel est l’aspersion d’eau bénite sur l’assemblée
6 – GLOIRE A DIEU
Dieu est bon ! Il est grand ! Il fait des merveilles et nous sommes heureux
de savoir qu’Il nous aime. C’est pourquoi
nous Le chantons : « Gloire à Dieu ……… ». C’est un des plus vieux hymnes
de l’Église. Il commence par l’annonce des anges aux bergers : « Gloire à
Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime »
(Luc 2,14)
C’est une prière de louange, d’action de grâce, une acclamation à Dieu qui
par la naissance du Messie, vient sauver son peuple et lui fait don de son
amour. De nos jours, le Gloria est proclamé à chaque messe dominicale, à
l’exception des dimanches appartenant aux temps de pénitence, Avent et Carême.
7 – COULEURS DES TEMPS LITURGIQUES.
VIOLET : Couleur austère qui incite à la réflexion et à la
pénitence. Cette couleur est utilisée durant le temps de l’Avent pour nous
préparer spirituellement à la venue de Jésus à Noël, et durant le Carême, afin
de signifier notre désir de pénitence et de conversion.
VERT : Couleur de vie. Le vert des vêtements liturgiques
symbolise la vie quotidienne qui doit être empreinte d’espérance dans la vie
éternelle.
BLANC : Couleur de la lumière et de la résurrection, couleur
des vêtements du Christ transfiguré qui révèle sa divinité. On l’utilise pour
les grandes fêtes : Noël, Pâques, la Toussaint, le Christ-Roi et les fêtes des
saints.
ROUGE : Couleur du sang qui symbolise le martyre et le
témoignage de foi et d’amour des apôtres et des saints martyrs, c’est aussi la
couleur du feu de l’Esprit Saint qui se répand dans le cœur des apôtres à la
Pentecôte.
ROSE : Couleur employée pour deux dimanches dans l’année,
en vertu d’une vieille coutume papale.
Ces deux
dimanches ont conservé le nom de Gaudete pendant l’Avent et de Laetare
pendant le Carême, car leur chant d’entrée commençait par ces paroles latines :
ils sont centrés sur la joie de la proximité du Seigneur et sont une pose au
milieu des temps de pénitence.
8 - PRIÈRE D’OUVERTURE.
Le célébrant prend la parole et dit : « Prions le Seigneur ».
Puis le prêtre dit la prière d’ouverture qui reprend généralement le thème du
dimanche ou de la fête célébrée. La formule de conclusion situe exactement
notre prière dans la relation à Dieu notre Père, par le Fils, dans l’Esprit.
Elle s’achève par « pour les siècles des siècles »,
traduction d’une expression hébraïque qui signifie que la souveraineté divine à
laquelle nous accédons par la prière dépasse toute durée humaine et nous plonge
dans le déploiement de l’histoire jusqu’à son achèvement à la fin des temps
quand « l‘univers entier sera réuni sous un seul chef, le Christ » (Ep.
1,10). L’assemblée adhère à cette prière en répondant « Amen »
qui signifie « Oui, c’est vrai ! ».
II. LA PAROLE DE DIEU
9 – LA PAROLE DE DIEU
A la messe, les
chrétiens écoutent la Parole de Dieu. Cette parole transmise dans la Bible, a
été écrite par de nombreux auteurs pendant des centaines d’années à travers des
récits, des histoires, des poésies, des proverbes, des chants, des cris de
douleur et de joie.
L’entendre ne suffit pas, l’écouter ne suffit pas. La Parole doit entrer
dans notre cœur comme une nourriture. Elle doit rejoindre notre vie comme une
lumière qui lui donne du sens et la fait entrer dans la grande histoire du
Peuple de Dieu, dans la grande histoire de l’humanité.
10 – LES LECTURES DE LA MESSE
A la messe, on fait trois lectures :
La première est tirée
d’habitude de l’Ancien Testament qui contient la Loi de Yahvé, les écrits des
prophètes, l’histoire du peuple d’Israël et des écrits de sagesse.
Pendant le
temps de Pâques, cette lecture est tirée des Actes des Apôtres qui racontent
les débuts du nouveau peuple de Dieu qu’est l’Église.
Cette lecture
est toujours en relation directe avec l’Évangile de manière à ce que le texte
de l’Ancien Testament annonce une promesse de Dieu qui sera accomplie par Jésus
dans l’Évangile.
La deuxième lecture est tirée des lettres des Apôtres : Pierre,
Paul, Jean ou Jacques. Elle se fait en mode de lecture continue afin de nous
faire connaître l’enseignement des Apôtres qui est à la source de notre vie
chrétienne.
La troisième lecture est un extrait de l’Évangile qui répond à la
première lecture dans un dialogue d’Alliance entre Dieu et son Peuple
(Matthieu, année A, comme cette année ; Marc, année B ; Luc, année C ou Jean
qui est plus particulièrement lu à l’occasion de certaines fêtes).
11 - LE PSAUME
Le psaume, lu après le premier passage d’Écriture est le lien profond entre
les trois lectures. Les cent cinquante psaumes, « résumé de toute l’Écriture »,
sont en quelque sorte la plaque tournante qui permet d’aller de la Parole du
Père à la Parole vivante du Fils en rejoignant l’expérience de l’Esprit Saint.
Ils nous accordent au chant de Dieu en nos cœurs.
12 – ALLÉLUIA ET ÉVANGILE
Alléluia est un mot hébreu qui signifie « louez Dieu ».
C’est une invitation à la louange qui a pour fonction de mettre en relief la
parole de l’Évangile.
Les trois petites croix que nous traçons sur notre front, sur nos
lèvres et notre cœur avant d’écouter l’évangile est un geste simple qui
accompagne les paroles que le prêtre prononce à voix basse : « que cette
Parole, Seigneur, éclaire mon esprit afin qu’Elle inspire toutes mes paroles et
qu’Elle transforme mon cœur et ma vie ».
L’assemblée se lève. Dans la gestuelle symbolique chrétienne, c’est
se redresser tel le paralysé grabataire remis sur ses deux pieds par Jésus (Lc
5, 25). C’est aussi l’attitude du Christ ressuscité : « Jésus se tint là,
debout au milieu d’eux » (Mc 16, 9). Une assemblée debout est une assemblée
de ressuscités qui accueille la venue de Jésus ressuscité.
13 - L’HOMELIE DU PRETRE
Elle n’est pas
une leçon catéchisme ni un exposé théologique, ni un exercice d’éloquence. Elle
doit montrer comment la Parole peut éclairer notre vie aujourd’hui afin que
nous puissions mieux en vivre dans notre quotidien.
14 – LA PROFESSION DE FOI DE L’ÉGLISE OU CREDO
En réponse à la Parole de Dieu, nous exprimons notre foi en Dieu comme au
jour de notre baptême par le symbole des Apôtres ou le symbole de
Nicée-Constantinople. Ce sont des textes très anciens dans l’histoire de
l’Église, des « symboles », ce qui nous fait « tenir ensemble » dans la
foi.
15 – LA PRIÈRE DES FIDÈLES ou PRIÈRE UNIVERSELLE
La prière des fidèles renoue avec une tradition ancestrale. La prière de
cette assemblée-ci, limitée à ce lieu, à ce temps, s’élargit à la mesure de
l’Église universelle, d’où son nom de « prière universelle ». C’est
pourquoi une communauté particulière peut se dire catholique : elle ne célèbre
pas sa liturgie mais celle de l’Église.
C’est une prière de demande qui est la forme complémentaire de la prière
de louange, c’est l’autre manière de dire notre accueil au don de Dieu : « Seigneur,
je ne peux reconnaître que j’ai tout reçu de Toi qu’en Te demandant encore
».
Voilà achevée la liturgie de la Parole. Elle se déploie, si riche et si
belle, et dans un mouvement spirituel si dense et si sûr que nous passons comme
de plain-pied, dans la liturgie de l’Eucharistie avec laquelle elle ne fait
qu’un.
III. LITURGIE DE L’EUCHARISTIE
16 – QUÊTE
La quête se
fait à ce moment-ci de la messe parce que c’est le gage concret de l’amour
fraternel et la participation des chrétiens à la vie matérielle et aux besoins
de l’Église. Autrefois, assez souvent, l’offrande était faite de dons en nature
pour un partage des biens comme la collecte faite par St Paul pour
l’Église de Jérusalem. L’argent recueilli est signe matériel de l’offrande que
nous faisons de nous-mêmes, de nos forces et de nos énergies.
17 – PRÉSENTATION DES DONS, OFFERTOIRE
A la messe, le
prêtre présente le pain et le vin. C’est parce que le Christ lui-même
a utilisé ces aliments dont l’usage était rituel pour le repas de la Pâque
juive. La messe préfigure le banquet des noces éternelles auquel le
Christ nous invite tous.
Le pain demande beaucoup de travail, la plantation du blé, la
récolte, la mouture du grain et la cuisson de la pâte. Le pain est donc un
excellent symbole du travail patient et méticuleux de l’homme. De plus, des
milliers de grains devenant un même pain forme l’image d’une Église constituée
d’une multitude de différences. Le vin symbolise la vie et
l’immortalité.
En présentant le pain et le vin, le prêtre dit une prière de bénédiction
qui a pour but de reconnaître que tout nous vient du Dieu de l’univers. Elle
s’inspire directement de la bénédiction juive que le père de famille prononçait
au début du repas sur le pain. Elle a été récitée par Jésus au dernier repas
avec ses apôtres.
Avant de présenter le vin, le prêtre y ajoute une goutte d’eau.
Cette eau symbolise notre humanité qui s’unit à la divinité du Christ dans sa
Passion.
Après la présentation du pain et du vin, le prêtre s’incline profondément
devant l’autel et dit à voix basse : « Humbles et pauvres, nous te
supplions, Seigneur : accueille-nous. Que notre sacrifice, en ce jour, trouve
grâce devant Toi ». Cette courte prière nous montre avec quel esprit et
avec quelle disposition de cœur il nous faut porter notre offrande à Dieu :
simplicité et pauvreté.
Parfois, le prêtre encense le pain et le vin ainsi que les membres
de l’assemblée eucharistique. Ce rite témoigne de l’honneur rendu à une
personne ou à un objet. Il est aussi signe de la présence de Dieu et de notre
prière qui monte vers Lui comme la fumée monte vers le ciel dans la prière du
soir (Ps. I41, 2).
Ensuite le prêtre se lave les mains en disant : « Lave-moi de mes
fautes, Seigneur, et purifie-moi de mon péché ». Ce rite a pris place dans
la liturgie en fidélité au geste d’humilité et de purification que Jésus a
pratiqué lors de la Cène (lavement des pieds).
18 – PRIÈRE EUCHARISTIQUE (PE) : LA PRÉFACE
Au début de la prière eucharistique, un dialogue inspiré des usages juifs
s’instaure entre le président et l’assemblée : « Prions ensemble au moment
d’offrir le sacrifice de toute l’Église ». En effet, la messe nous fait
entrer dans l’action de grâce du Christ et de son Église « pour la
gloire de Dieu et le salut du monde » (Vatican II : Lumen gentium, 11).
Pour cela, « sursum corda ! », « élevons nos cœurs ! », « haut les cœurs
! », formule déjà attestée dans les catéchèses de Jérusalem.
Ensuite, la préface vient exprimer les motifs de notre eucharistie
(mot grec qui signifie « rendre grâce » ou plus simplement « dire un merci
émerveillé »). Le mot « préface » (du latin praefari) a été emprunté à
la langue sacerdotale des anciens romains et signifie « prière à haute voix »
pour accompagner un sacrifice et pour le consacrer en exposant son sens et son
intention (cf. Louis Bouyer). La caractéristique propre de la liturgie romaine
est d’avoir des préfaces adaptées aux temps liturgiques ou à la prière
eucharistique choisie. Elles expriment un aspect particulier de l’histoire du
salut et se terminent par le « sanctus ».
19 – PE : LE SANCTUS
C’est un chant d’acclamation : l’univers est rempli de la gloire de Dieu
qui, en sa plénitude, est présent à toute chose. En Dieu, il n’y a que beauté,
amour et perfection, Il est Dieu trois fois saint.
Le sanctus est formé de deux parties :
l’acclamation d’Isaïe « Saint ! Saint ! Saint le Seigneur… » le jour
où le mystère de Dieu se dévoilait devant lui et où lui était annoncée sa
mission de prophète (Is 6, 3).
l’acclamation de la foule : « Béni soit celui qui vient au nom du
Seigneur ! Hosanna, au plus haut des cieux » (Benedictus,… » le jour
où Jésus est entré dans Jérusalem (Rameaux).
La suite de la
prière est appelée « canon » (d’un mot grec qui signifie « règle ») car c’est
une partie fixe.
20 – LA PRIÈRE EUCHARISTIQUE
Toute la prière eucharistique est entièrement adressée au Père. Elle est
dite et accomplie au nom du Christ pour son Église assemblée qui est ainsi unie
à son sacrifice rédempteur dans l’Esprit Saint. Elle fait mémoire des gestes et
des paroles de Jésus pendant son dernier repas, la Cène.
Avant le concile Vatican II, il n’y avait qu’une seule prière
eucharistique, le canon romain. Depuis, l’Église donne le choix entre quatre
prières eucharistiques principales auxquelles ont été ajoutées ultérieurement
six autres prières : deux pour la réconciliation, trois pour les enfants et une
pour les grandes assemblées (cette dernière pouvant être développée en
quatre formes différentes).
Chacune des prières suit le schéma général :
a- louange du
Père et invocation sur les dons (épiclèse),
b- le récit de
l’institution eucharistique (consécration),
c- la prière de
l’anamnèse et l’invocation de l’Esprit Saint sur la communauté (seconde
épiclèse),
d- les prières
d’intercession.
21 – a : ÉPICLÈSE DE CONSÉCRATION
Par l’épiclèse (du grec : « invocation sur ») qui est l’invocation
de l’Esprit Saint sur les offrandes, nous demandons à Dieu le Père d’envoyer
l’esprit pour sanctifier ce pain et ce vin afin qu’ils deviennent le Corps et
le Sang de Jésus-Christ.
Après l’anamnèse, nous invoquerons également l’Esprit-saint sur les
fidèles. En effet, de même que le Père a envoyé son Esprit sur la Vierge Marie
pour qu’elle donne naissance au Christ, de même, le Père envoie de nouveau son
Esprit sur la communauté pour qu’elle devienne le corps du Christ ressuscité.
22 - b : RÉCIT DE L’INSTITUTION EUCHARISTIQUE
Ce deuxième élément de la prière eucharistique est capital. On passe de
l’invocation au récit : « la nuit qu’il fut livré… ». Toute prière
eucharistique fait référence à l’événement de la dernière Cène que
nous vivons dans la grâce de la croix et de la résurrection.
Ainsi, au nom du Christ et de son Corps, l’Église, le prêtre reprend les
paroles de l’évangile et fait ce que Jésus a commandé de faire : « Faites
ceci en mémoire de moi ». Le prêtre agit et parle dans la personne du
Christ « in persona Christi ». Mystérieusement et "sacramentellement", le
pain devient le Corps du Christ et le vin son Sang, non pas seulement
symboliquement mais, réellement sous les apparences du pain et du vin.
Après la consécration, le prêtre interpelle l’assemblée en disant : « Il
est grand le mystère de la foi » (1Tim 3, 9). Nous professons alors le cœur
de notre foi : « Nous proclamons ta mort, Jésus ressuscité, nous célébrons
ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire ! ». C’est
l’anamnèse.
23 – c : ANAMNÈSE
Anamnèse
signifie « mémoire », mais c’est plus que se souvenir. C’est plus que répéter les
paroles et les gestes de quelqu’un. Faire mémoire de la mort et de la
résurrection de Jésus-Christ, c’est affirmer qu’ici et maintenant, Jésus-Christ
continue de s’offrir pour la vie et le bonheur des hommes. Le prêtre demande à
Dieu d’envoyer à nouveau son Esprit sur l’assemblée pour qu’elle devienne
Église, c’est-à-dire Corps du Christ.
Cela fait penser à la parole de Paul Claudel adressée à André Gide « l’Église,
voyez-vous, c’est une espèce d’immense incorporation eucharistique ».
24 – d : INTERCESSION
Dans les prières d’intercession qui suivent l’anamnèse, l’Église supplie le
Père pour que l’œuvre du Christ se réalise en elle et dans le monde.
C’est pourquoi, nous prions l’Église en mentionnant le pape, l’évêque du lieu
et tous les autres, les prêtres, les diacres et tous les fidèles.
Nous prions aussi pour les fidèles défunts qui nous ont précédés
dans la foi et enfin, pour cette communauté célébrante afin qu’elle soit
rassemblée avec l’Église du ciel. Ce faisant, l’Église exprime la prière du Christ
le Jeudi Saint qui loue son Père et intercède pour toute l’humanité.
25 – e : DOXOLOGIE
« Doxologie »
vient du grec « doxa » = louange et « logos » = parole. C’est une
prière de louange envers Dieu UN et TRINE : « Il n’y a qu’un
seul Dieu et Père de qui tout vient, et un seul Seigneur Jésus-Christ par qui
tout existe » (1Co 8, 6). Il est donc juste que toute louange remonte vers
le Père par le Christ.
Cette doxologie finale « Par Lui, avec Lui et en Lui » veut d’abord
dire que notre chemin vers le Père est Jésus, seul médiateur entre Dieu et les
hommes. C’est effectivement grâce à Jésus que nous sommes sauvés et emportés
dans la vie de Dieu son Père.
En ajoutant « dans l’unité de l’Esprit Saint », nous affirmons la
puissance unifiante de l’Esprit.
Pendant cette
conclusion de la prière eucharistique, le prêtre élève la patène contenant le
Corps du Christ et le calice contenant son Sang pour montrer que le Seigneur
est bien la victime offerte au Père par le sacrifice de la messe.
L’assemblée répond « Amen » qui est de fait, l’amen le plus
solennel de toute la messe car il ratifie toute l’action sacerdotale du Christ
renouvelée devant nous par les mains du prêtre.
26 – NOTRE PÈRE
C’est la seule prière que Jésus nous ait laissée ! La proclamation commune
du Notre Père est le moment où se noue, dans la force de l’Esprit et dans le
souvenir apostolique, une double identité :
a - Dieu nous partage son nom. Le nom familier de « père », en réalité «
papa » a été donné par Jésus à celui qui est au-dessus de tout nom, le
Transcendant, le Très-Haut. Et nous osons dire ce nom de Père grâce à l’Esprit
qui nous permet d’entrer dans cette étonnante intimité par la médiation de
Jésus.
b - Notre Dieu nous offre sa paternité. Il nous adopte et nous fait entrer
dans son propre mystère. Quand nous, chrétiens, disons ensemble le Notre Père,
nous sommes revêtus d’un respect et d’une dignité qui ne nous appartiennent pas
mais qui viennent de Dieu même : « Reconnais, ô chrétien, ta dignité »
(St Léon).
On se souvient
de cette page de Péguy où l’humanité est présentée comme une immense flotte sur
la mer. Au-devant de cette flotte, se trouve le bateau de Jésus qui présente
ses deux mains comme une étrave fendant les flots et disant « Notre Père ». Et
le Père ne voit que ces deux mains qui contiennent toute l’humanité.
27 – EMBOLISME ET RITE DE LA PAIX
L’embolisme, prière qui suit immédiatement le Notre Père,
développe et amplifie la dernière demande de cette prière en suppliant le
Seigneur de nous délivrer de toute sorte de mal et de nous donner dès
maintenant le bonheur qui sera pleinement le nôtre lorsque Jésus reviendra dans
la gloire. C’est là notre « bienheureuse espérance », l’avènement de
Jésus-Christ, notre Seigneur comme le rappelle St Paul à Tite (Ti 2,
13).
« A Toi, le règne, la puissance et la gloire… » reprend un thème qui
revient souvent dans les Écritures, celui de la gloire et de la louange au
Christ ressuscité (Ap 5,13).
Par le rite de la paix, les fidèles demandent la paix et l’unité
pour l’Église et toute l’humanité, et ils expriment leur amour mutuel avant de
participer au même pain. Ici, on se rapporte tout naturellement aux paroles de
Jésus : « Si tu présentes ton offrande à l’autel et que là, tu te souviennes
que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel
et va d’abord te réconcilier avec ton frère » (Mt 5, 23-24). Et ceci, juste
avant de communier.
Nous ne partageons pas la paix que nous pensons pouvoir faire nous-même,
mais celle qui vient du Christ et qu’Il nous partage. Cette paix, nous la
recevons du Christ comme un don infiniment précieux qui nous transforme et nous
rend capables de nous accueillir les uns les autres malgré ou avec nos
antagonismes et nos différents.
28 – AGNEAU DE DIEU
Cette expression est un nom très ancien donné au Seigneur Jésus. Le nom
laisse entendre que Jésus s’est laissé faire comme un agneau qui se laisse
conduire à l’abattoir « sans ouvrir la bouche » (Is 53, 7) et qui prend
sur lui les péchés du monde.
Pendant le chant de l’« Agneau de Dieu », après avoir partagé
l’hostie en deux, le prêtre laisse tomber dans le calice un petit morceau
d’hostie en souvenir de l’époque où on joignait au sacrifice du jour un reste
de la messe précédente pour montrer la continuité du sacrifice du Christ.
Puis, le prêtre récite à voix basse une prière qui le prépare à recevoir la
communion : « Seigneur Jésus-Christ, que cette communion à ton corps et à
ton sang n’entraîne pour moi ni jugement ni condamnation, mais, qu’elle
soutienne mon esprit et mon corps et me donne la guérison ».
29 – COMMUNION
Elle a un sens bien connu et très explicite, c’est l’union à Jésus : « si
vous ne mangez ma chair et ne buvez mon sang… » (Jn 6). En recevant le
Christ, nous sommes incorporés à Lui. Cette nourriture nous convertit : nous
croyons l’assimiler, mais, en réalité, c’est elle qui nous assimile. Nous
sommes changés en ce que nous mangeons ou plutôt en celui que nous mangeons.
Ainsi, nous sommes entraînés à être une offrande-avec-lui au
Père, sommet de notre offrande à Dieu. De plus, en communiant au Christ, nous
recevons aussi l’Église qui est son corps mystique. Par ce sacrement, le Christ
construit son Église.
Dans le haut Moyen-Âge, une célèbre formule disait : « Christus pascit
corpus suum ex corpore suo per corpore suum ». Ce qui signifie : « le
Christ nourrit son Corps de son Corps et par son Corps » qui peut encore
être traduit par « le Christ nourrit l’Église (son corps), à partir
de son corps historique (né de Marie et désormais ressuscité) par
l’eucharistie (son corps de mystère ou corps mystique) ». Jésus fait
grandir son corps ecclésial par son corps sacramentel, ce qui est le message
central de la dernière encyclique de Jean-Paul II : « L’Église vit de
l’eucharistie ».
Le concile Vatican II a réintroduit le geste en usage à l’époque de Cyrille
de Jérusalem (315-386) : « La main droite étendue doit être soutenue par la
main gauche qui sert en quelque sorte de trône pour le Roi que recevra la main
droite ». L’autre façon, en usage avant le concile, est de recevoir
l’hostie directement sur la langue.
30 – PRIÈRE APRÈS LA COMMUNION
Cette prière nous permet d’exprimer notre action de grâce pour le don reçu
et nos demandes pour l’avenir.
31 – BÉNÉDICTION
De « bene dicere » = dire (du) bien : le prêtre demande que Dieu
nous fasse du bien. Liturgiquement, ce geste est le symétrique exact de
l’accueil du célébrant au début de la messe. Après avoir accueilli son peuple,
le Dieu de Jésus-Christ l’envoie en le bénissant. Après le geste d’accueil,
c’est un geste d’ouverture.
Cette bénédiction toute simple, fondamentalement trinitaire (« au nom
du Père, du Fils et du Saint-Esprit ») est développée pour certaines
grandes fêtes où le peuple est invité à répondre par un triple « Amen ».
IV. ENVOI
32 – ENVOI : « ALLEZ DANS LA PAIX DU CHRIST »
« Allez » : Cet impératif vient de la finale de l’évangile de
Matthieu « Allez, de toutes les nations, faites des disciples ! »(Mt 28,
19). Ainsi, il y a un lien indissociable entre l’eucharistie et la mission
d’évangélisation qui est rituellement signifiée ici et cet envoi par le Christ
est aussi un envoi en Lui, et avec Lui. Il nous envoie répandre le bonheur et
la paix vécus au cours de la messe.
Sa parole nous accompagne, sa vie est en nous, nous pouvons vivre en
chrétiens.
« Commencer » : la messe est terminée, mais tout commence à
l’extérieur des murs de l’Église. Notre vie d’enfant de Dieu, nous allons la
vivre à l’école, à la maison, au travail, dans notre quartier, etc…. Nous
sommes maintenant des messagers de la Bonne Nouvelle de Jésus.
« Envoyés » : en mission par le Christ pour faire bouger le monde,
aller vers les autres, donner de la joie, travailler à la paix et au pardon,
réaliser le partage, comprendre pleinement les autres, se battre contre le mal,
l’injustice, le mensonge, c’est en un mot être chrétien.
ANNEXE : ATTITUDES OU POSITIONS CORPORELLES
Des gestes et des attitudes précis sont nécessaires. La liturgie
chrétienne, culte public rendu à Dieu, doit traduire les sentiments propres à
la prière que sont l’adoration, la louange, l’offrande, la joie la supplication
la demande, etc. Le corps des fidèles exprime ainsi ce que chacun porte dans
son cœur et qu’il veut faire connaître et partager à d’autres. Le fait que les
gestes et les attitudes soient à peu près les mêmes partout constitue une
expression universelle de la même foi et donc, un signe d’unité.
C’est la plupart du temps un geste de politesse ou de respect. A la messe,
la station debout a en plus un sens particulier suggéré par la Bible. En effet,
pour parler de la résurrection de Jésus, l’évangile emploie le mot « se
lever, se relever » : « Jésus s’est relevé d’entre les morts ». Dès
lors, se mettre debout signifie, à la messe, qu’on veut participer à la
résurrection de Jésus, qu’on veut être comme lui un homme debout, un homme
résolu.
A la messe, on est debout, en particulier, pour écouter l’évangile,
proclamer le credo, suivre la prière eucharistique. Le corps manifeste alors à
ces moments-là le respect du fidèle pour la parole de Dieu, la conviction de sa
foi, son adhésion à l’offrande qui est faite à l’autel. Mais, cette attitude
nous rappelle essentiellement que la Parole de Dieu et l’eucharistie nous
mettent symboliquement debout pour faire de nous des vivants, des êtres libres.
En favorisant l’immobilité, cette attitude facilite le recueillement, la
concentration et la méditation. C’est la bonne attitude pour la prière
personnelle après l’écoute de la parole de Dieu ou après la communion.
- Joindre les mains marque l’intensité du désir, de la prière.
- Lever les mains pendant l’« alléluia » ou le « Notre Père » exprime la joie
et la louange.
- Tendre les mains au moment de la communion montre notre pauvreté et notre
attente.
Serrer la main
de la personne voisine lors du geste de paix nous permet d’échanger la paix qui
vient du Christ.
Cette attitude
exprime l’adoration due à la présence réelle du Seigneur spécialement lors de
la consécration eucharistique.
Ainsi, toutes
les attitudes et tous les gestes sont, à la messe, une forme de prière.
Pendant l’élévation
de l’hostie et du calice au-dessus de l’autel, il est souhaitable que tous
lèvent le regard vers l’hostie et le calice consacrés au lieu de baisser la
tête. C’est pendant la génuflexion du prêtre qu’ils peuvent alors baisser la
tête en signe d’adoration.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire