jeudi 31 juillet 2014

NOUS EST-IL PERMIS DE JUGER AUTRUI ?

INTRODUCTION

De nos jours nous entendons beaucoup de personnes chrétiennes ou pas, réprimander les chrétiens qui dénoncent le mauvais comportement des hommes et des femmes dans nos sociétés. Ces personnes argumentent non sans quelques difficultés que la religion chrétienne ne donne nullement le droit de juger son prochain. Les moins athées d’entre elles avancent que seul Dieu a le droit de juger l’Homme dans sa condition de pécheur ou dans son état de péché. De ce fait, le Chrétien doit se passer de tout jugement sur la condition de son prochain, selon qu’il est dit en 1 Samuel 2:25 « Si un homme pèche contre un autre homme, Dieu le jugera (…) ».

J’ai alors humblement demandé à l’Esprit Saint de m’éclairer à ce sujet. Et en le faisant, beaucoup de questions me sont venues à l’esprit. Entre autres, il y avait les suivantes :

-      Que veulent dire les mots « Juger », « Jugement » ?

-      S’il est permis de juger :

o   qui en a le droit et par qui ce droit lui est-il conféré ?

o   où se situe la limite de nos jugements ?

Autant de questions auxquelles nous tenterons d’apporter notre humble contribution sous la conduite de l’Esprit Saint et en nous appuyant sur les Saintes Ecritures, afin d’éclairer la lanterne de chacun d’entre nous. Que la Parole de Dieu nous guide.

 

I.           QUE VEULENT DIRE LES MOTS « JUGEMENT », « JUGER » ?

Le mot « Jugement » peut se décliner sous plusieurs angles dont deux principaux selon le domaine auquel nous voulons nous circonscrire :

-      d’un côté, c’est l’opinion que Dieu porte sur l’Homme ou sur une chose qui le concerne.

-      de l’autre, c’est l’appréciation que l’Homme porte sur son semblable, ou sur une chose qui le concerne.

Par conséquent, le verbe « Juger » se dit de l’action :

-      pour Dieu, de se prononcer en faveur ou en défaveur d’un Homme par rapport à une chose ou un fait qui le concerne.

-      pour un homme, de se prononcer en faveur ou en défaveur de son semblable par rapport à une chose ou un fait qui le concerne.

Il est aussi important de noter que l’on porte un jugement par rapport à un référentiel qui pour nous Chrétiens est la Parole de Dieu .

Selon les différents domaines de compétences, le mot « juger » prendra le sens de « diagnostiquer » ou d’« examiner » (Médecine) ; d’« arbitrer » (Sport) ; de « goûter » (Cuisine) ; de « constater » (Police Routière) ; ou de façon plus générale d’« apprécier ». Nous nous arrêterons là pour les définitions.

 

II.        QUI A LE DROIT DE JUGER ? QUI EN DONNE LE DROIT ?

II-1.       DIEU A LE DROIT DE JUGER LES HOMMES

Genèse 15:14 « 14 Mais je jugerai la nation à laquelle ils seront asservis, et ils sortiront ensuite avec de grandes richesses. », dit l’Eternel Dieu. Par ce passage biblique, il faut comprendre que DIEU juge les Hommes pour leurs méfaits. Le mot « jugement » fait référence ici à la colère et au châtiment qu’Il réserve à ceux qui s’adonnent au mal. DIEU est donc le premier à juger l’Homme selon la condition de son cœur. Car en effet, les actes que nous posons ne sont que l’expression des dispositions de notre cœur.


II-2.       DIEU ACCORDE LE PRIVILEGE DU JUGEMENT AU PRETRE

Moïse fut le premier juge parmi les hommes puisqu’il avait été celui qui avait reçu les tables de la loi de la part de Dieu au mont Sinaï. Nous pouvons lire ceci en Exode 18:13 : « (…) Moïse s'assit pour juger le peuple, et le peuple se tint devant lui depuis le matin jusqu'au soir ».

Mais quelle était la véritable fonction de Moïse ? En Exode 28 :1, Dieu demande à Moïse de consacrer Aaron et ses fils au sacerdoce. Au verset 41 du même Chapitre 28, DIEU dit à Moïse: « (…) Tu les oindras, tu les consacreras, tu les sanctifieras, et ils seront à mon service dans le sacerdoce ». C’est ici la preuve que Moïse, lévite et frère de même tribu qu’Aaron, était avant tout Prêtre de Dieu pour le peuple d’Israël parce qu’il avait le pouvoir d’oindre, de consacrer et de sanctifier par Dieu (Voir aussi le rituel de purification du peuple d’Israël en Exode 24 :5-8).

Nous pouvons comprendre par tout ceci qui précède, qu’au PRÊTRE, DIEU a donné le privilège de juger le Peuple selon sa justice ou sa loi.


II-3.       DIEU DELEGUE SUR DEMANDE DES HOMMES LE DROIT DE JUGEMENT AU ROI

La vocation du roi à juger ses semblables ou ses sujets vient de l’Homme-même qui a réclamé à Dieu de pouvoir se mettre sous la domination et le jugement d’un roi. Le peuple d’Israël souhaite se démarquer de Dieu en la figure du Juge ou du Prêtre qu’il a établi, et souhaite désormais se mettre sous l’autorité d’un roi en qui il se reconnait davantage. 1 Samuel 8:5-6 « 5 (…) établis sur nous un roi pour nous juger (…). 6 (…): Donne-nous un roi pour nous juger.», dit le Peuple d’Israël à Samuel.

Nous lisons aussi en 1 Rois 3:28 que Salomon, fils de David, a bien exercé ce rôle de Roi-Juge : « 28 Tout Israël apprit le jugement que le roi avait prononcé. Et l'on craignit le roi, car on vit que la sagesse de Dieu était en lui pour le diriger dans ses jugements. ».

Ainsi, par tout ce qui précède nous comprenons aisément que le ROI a également vocation à juger ses semblables selon la justice ou la loi de Dieu.

 

II-4.       DIEU JUGE SON PEUPLE PAR SES PROPHETES

En Jérémie 29:16-19 nous lisons ceci: « 16 Ainsi parle l'Éternel sur le roi qui occupe le trône de David, sur tout le peuple qui habite cette ville, sur vos frères qui ne sont point allés avec vous en captivité; (…) Voici, j'enverrai parmi eux l'épée, la famine et la peste, (…) 19 parce qu'ils n'ont pas écouté mes paroles ».

Jérémie fait partie des prophètes. Mais qui furent les prophètes ? Les prophètes étaient des envoyés que Dieu se choisissait parmi son Peuple afin de lui faire connaître ses paroles. Ils annonçaient des présages bons ou mauvais sur la vie du Peuple de Dieu, attiraient son attention sur la nature bonne ou mauvaise de actions du Peuple et l'exhortait à demeurer en état de sainteté avec Dieu. Il faut comprendre par « mauvais présages » le jugement ou la colère de Dieu annoncés par la bouche du prophète. Le prophète Jérémie juge donc ses semblables, à qui la Parole de Dieu est adressée.

En réalité, le prophète n’est que l’instrument de la justice de Dieu puisque ce n’est pas lui qui juge le peuple mais plutôt la Parole de justice qu’il communique. Toutefois nous retiendrons que le PROPHETE a vocation à juger ses semblables puisqu’il leur véhicule la Parole de Dieu ou son jugement contenu dans cette Parole. Ainsi l’Homme reconnait davantage la mauvaise nature de ses actes à la lumière de la Parole ou du jugement émanant de la bouche du PROPHETE, tant que celui-ci parle au nom de Dieu.

CONCLUSION PARTIELLE :

Nous venons de comprendre que Dieu notre Père a le droit de nous juger puisqu’il nous a créés. En effet, après la chute, Dieu a jugé Adam et Eve indignes de demeurer dans le jardin d’Eden. Ayant ensuite conféré à Moïse son Prêtre, le pouvoir de juger ou de statuer sur la situation de ses semblables, il a étendu ce pouvoir, par ce même Moïse, à des gens du peuple (Exode 18 :25-26), au Roi d’Israël (sur demande du Peuple) et aux Prophètes qu’il s’est choisi.

L’Apôtre Paul s’adressant à Timothée lui confirme le droit d’un serviteur de Dieu à juger le comportement de ses semblables. Nous en sommes convaincus par la lecture du premier livre de Timothée au chapitre 5 les versets 20 à 21, qui relate ces paroles de Paul à Timothée: « Ceux qui pèchent, reprends-les devant tous, afin que les autres aussi éprouvent de la crainte. 21 Je te conjure devant Dieu, devant Jésus Christ, et devant les anges élus, d'observer ces choses sans prévention, et de ne rien faire par faveur. ». L’on peut aisément comprendre que si l’on reprend quelqu’un qui se trompe de chemin, l’on ne fait rien d’autre que le juger pour le mauvais chemin qu’il emprunte.
 

III.     MAIS OU SE SITUE LA LIMITE DE NOS JUGEMENTS ?

Dieu ne délègue qu’une partie de son jugement aux hommes, car le jugement possède essentiellement deux valeurs :

-     celle de condamnation avec possibilité pour le condamné de se repentir de ses méfaits,

-     celle de condamnation perpétuelle c’est-à-dire sans aucune chance de répit offerte au condamné.

Ainsi, l’Homme en jugeant son semblable, ne doit pas le condamner à jamais mais plutôt lui laisser la possibilité de changer de comportement en mettant en avant l’Amour de Dieu pour lui. Paul le disait ainsi à Timothée en 2 Timothée 2:25-26 en lui faisant des recommandations sur sa tâche de serviteur de Dieu: « 25 il doit redresser avec douceur les adversaires, dans l'espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité, 26 et que, revenus à leur bon sens, ils se dégageront des pièges du diable, qui s'est emparé d'eux pour les soumettre à sa volonté. ». En d’autres termes, nos jugements ne doivent pas avoir valeur de condamnation ferme et/ou définitive, mais doivent plutôt exhorter autrui au changement, dans l’espérance que Dieu le fasse parvenir à la connaissance de la Vérité qui est Jésus-Christ. Lire aussi 2 Timothée 4:2 « prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant. ».

Le type de jugement qui prononcera la damnation éternelle de l’Homme n’est pas du ressort des Hommes mais de celui de Dieu qui a tout remis entre les mains de son Fils Jésus-Christ (Jean 5:22 : « 22 Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils, »). Il aura lieu à la fin des temps.


CONCLUSION

NOUS SAVONS DEJA que le chrétien d’aujourd’hui en recevant le baptême au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit est à la fois Prêtre, Prophète et Roi. A l’instar de notre Seigneur Jésus-Christ, nous sommes :

-      Prêtres, parce que nous offrons en sacrifice à Dieu et à nos frères toute notre vie et tout notre être;

-      Prophètes, parce que nous annonçons la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ ;

-      Roi, dans notre dévouement pour la cause des autres et surtout parce que nous sommes héritiers du Royaume de Dieu par Jésus-Christ.

OR, nous avons expliqué précédemment, avec des exemples à l’appui, que la prérogative du jugement est accordée par Dieu au Prêtre, au Roi et au Prophète.

Cela nous fait DONC comprendre que le chrétien a le droit de porter un jugement sur ses semblables et sur tout ce qui les concerne (1 Corinthiens 6:3 « 3 Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges? Et nous ne jugerions pas, à plus forte raison, les choses de cette vie? »).

TOUTEFOIS, ce jugement doit se faire selon la justice de Dieu qui est sa loi. Et quelle est la loi de Dieu si ce n’est l’Amour de Dieu par le sacrifice de son Fils Jésus-Christ qui nous invite par conséquent à l’Amour pour nos frères ? Notre jugement vis-à-vis de nos frères doit laisser une place à la repentance et au pardon (Lévitique 19 :15 : « 15 (…) tu jugeras ton prochain selon la justice. » ; Matthieu 7:2 « 2 Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. »). Si nous jugeons sans faire preuve d’Amour pour le prochain, nous nous condamnons nous-mêmes. Pourtant cela ne veut nullement dire que nous ne devons pas porter de jugement sur autrui. Saint Paul nous dit en Romains 2 :1-13 que si nous jugeons autrui sans l’Amour de Dieu alors nous devrons être dans un état irréprochable devant Dieu. Or qui est irréprochable devant Dieu ? Personne, sinon celui à qui Dieu veut pardonner ses péchés. C’est ainsi qu’il est écrit dans ce passage : « O homme, qui que tu sois, toi qui juges, tu es donc inexcusable; car, en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui juges, tu fais les mêmes choses. 2 Nous savons, en effet, que le jugement de Dieu contre ceux qui commettent de telles choses est selon la vérité. 3 Et penses-tu, ô homme, qui juges ceux qui commettent de telles choses, et qui les fais, que tu échapperas au jugement de Dieu? 4 Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa longanimité, ne reconnaissant pas que la bonté de Dieu te pousse à la repentance? ». Si nous n’avons pas l’Amour, tout ce que nous disons ou faisons est vain, nous dit Saint Paul en 1Corinthiens 13 :1-13. Un jugement sur autrui s’il n’est pas empreint d’amour entraine la condamnation de celui qui le prononce. Nous avons donc pour but de véhiculer l’Amour de Dieu dans nos jugements vis-à-vis d’autrui afin de l’inciter à la repentance et afin que son âme soit sauvée. Ce n’est qu’au prix de l’amour que nous serons exemptés du jugement de Dieu à notre propre égard et que nous gagnerons de nouvelles âmes à Christ.

PAR CONTRE, le jugement sur autrui parce qu’il doit être empreint de l’Amour de Dieu ne doit pas pour autant occulter l’état de péché ou présenter un caractère arbitraire (1Timothée 5 :21 : «(…) reprends-les devant tous (…) ne rien faire par faveur »). Notre jugement doit être pertinent et ne souffrir d’aucune partialité…si ce n’est au nom de l’Amour.

Sources: Bible Louis Segond (LSG).