De nos jours nous
entendons beaucoup de personnes chrétiennes ou pas, réprimander les chrétiens qui
dénoncent le mauvais comportement des hommes et des femmes dans nos sociétés.
Ces personnes argumentent non sans quelques difficultés que la religion chrétienne
ne donne nullement le droit de juger son prochain. Les moins athées d’entre
elles avancent que seul Dieu a le droit de juger l’Homme dans sa condition de
pécheur ou dans son état de péché. De ce fait, le Chrétien doit se passer de tout
jugement sur la condition de son prochain, selon qu’il est dit en 1 Samuel 2:25
« Si un homme pèche contre un autre homme, Dieu le jugera (…) ».
J’ai alors humblement
demandé à l’Esprit Saint de m’éclairer à ce sujet. Et en le faisant, beaucoup
de questions me sont venues à l’esprit. Entre autres, il y avait les suivantes :
-
Que
veulent dire les mots « Juger », « Jugement » ?
-
S’il
est permis de juger :
o
qui
en a le droit et par qui ce droit lui est-il conféré ?
o
où
se situe la limite de nos jugements ?
Autant de questions auxquelles nous
tenterons d’apporter notre humble contribution sous la conduite de l’Esprit
Saint et en nous appuyant sur les Saintes Ecritures, afin d’éclairer la
lanterne de chacun d’entre nous. Que la Parole de Dieu nous guide.
I.
QUE
VEULENT DIRE LES MOTS « JUGEMENT », « JUGER » ?
Le mot « Jugement »
peut se décliner sous plusieurs angles dont deux principaux selon le domaine auquel
nous voulons nous circonscrire :
-
d’un
côté, c’est l’opinion que Dieu porte sur l’Homme ou sur une chose qui le
concerne.
-
de
l’autre, c’est l’appréciation que l’Homme porte sur son semblable, ou sur une chose
qui le concerne.
Par conséquent, le
verbe « Juger » se dit de l’action :
-
pour
Dieu, de se prononcer en faveur ou en défaveur d’un Homme par rapport à une
chose ou un fait qui le concerne.
-
pour
un homme, de se prononcer en faveur ou en défaveur de son semblable par rapport
à une chose ou un fait qui le concerne.
Il est aussi
important de noter que l’on porte un jugement par rapport à un référentiel qui pour nous Chrétiens est
la Parole de Dieu .
Selon les
différents domaines de compétences, le mot « juger » prendra le sens
de « diagnostiquer » ou d’« examiner » (Médecine) ; d’« arbitrer »
(Sport) ; de « goûter » (Cuisine) ; de « constater »
(Police Routière) ; ou de façon plus générale d’« apprécier ».
Nous nous arrêterons là pour les définitions.
II.
QUI
A LE DROIT DE JUGER ? QUI EN DONNE LE DROIT ?
II-1. DIEU A LE DROIT DE JUGER
LES HOMMES
Genèse 15:14 « 14 Mais je jugerai la nation
à laquelle ils seront asservis, et ils sortiront ensuite avec de grandes
richesses. », dit l’Eternel Dieu. Par ce passage biblique, il faut comprendre
que DIEU juge les Hommes pour leurs méfaits. Le mot « jugement » fait
référence ici à la colère et au châtiment qu’Il réserve à ceux qui s’adonnent au
mal. DIEU est donc le premier à juger l’Homme selon la condition de son cœur.
Car en effet, les actes que nous posons ne sont que l’expression des
dispositions de notre cœur.
II-2. DIEU ACCORDE LE
PRIVILEGE DU JUGEMENT AU PRETRE
Moïse fut le
premier juge parmi les hommes puisqu’il avait été celui qui avait reçu les
tables de la loi de la part de Dieu au mont Sinaï. Nous pouvons lire ceci en Exode
18:13 : « (…) Moïse s'assit pour juger le peuple, et le peuple
se tint devant lui depuis le matin jusqu'au soir ».
Mais quelle était
la véritable fonction de Moïse ? En Exode 28 :1, Dieu demande à Moïse
de consacrer Aaron et ses fils au sacerdoce. Au verset 41 du même Chapitre 28,
DIEU dit à Moïse: « (…) Tu les oindras, tu les consacreras, tu les
sanctifieras, et ils seront à mon service dans le sacerdoce ». C’est ici
la preuve que Moïse, lévite et frère de même tribu qu’Aaron, était avant tout
Prêtre de Dieu pour le peuple d’Israël parce qu’il avait le pouvoir d’oindre, de
consacrer et de sanctifier par Dieu (Voir aussi le rituel de purification du
peuple d’Israël en Exode 24 :5-8).
Nous pouvons
comprendre par tout ceci qui précède, qu’au PRÊTRE, DIEU a donné le privilège de
juger le Peuple selon sa justice ou sa loi.
II-3. DIEU DELEGUE SUR
DEMANDE DES HOMMES LE DROIT DE JUGEMENT AU ROI
La vocation du roi à juger ses semblables ou
ses sujets vient de l’Homme-même qui a réclamé à Dieu de pouvoir se mettre sous
la domination et le jugement d’un roi. Le peuple d’Israël souhaite se démarquer
de Dieu en la figure du Juge ou du Prêtre qu’il a établi, et souhaite désormais
se mettre sous l’autorité d’un roi en qui il se reconnait davantage. 1 Samuel
8:5-6 « 5 (…) établis sur nous un roi pour nous juger (…). 6 (…):
Donne-nous un roi pour nous juger.», dit le Peuple d’Israël à Samuel.
Nous lisons aussi en 1 Rois 3:28 que
Salomon, fils de David, a bien exercé ce rôle de Roi-Juge : « 28 Tout
Israël apprit le jugement que le roi avait prononcé. Et l'on craignit le roi,
car on vit que la sagesse de Dieu était en lui pour le diriger dans ses
jugements. ».
Ainsi, par tout ce qui précède nous
comprenons aisément que le ROI a également vocation à juger ses semblables
selon la justice ou la loi de Dieu.
II-4. DIEU JUGE SON
PEUPLE PAR SES PROPHETES
En Jérémie 29:16-19
nous lisons ceci: « 16 Ainsi parle l'Éternel sur le roi qui occupe le
trône de David, sur tout le peuple qui habite cette ville, sur vos frères qui
ne sont point allés avec vous en captivité; (…) Voici, j'enverrai parmi eux
l'épée, la famine et la peste, (…) 19 parce qu'ils n'ont pas écouté mes paroles ».
Jérémie fait partie
des prophètes. Mais qui furent les prophètes ? Les prophètes étaient des
envoyés que Dieu se choisissait parmi son Peuple afin de lui faire connaître
ses paroles. Ils annonçaient des présages bons ou mauvais sur la vie du Peuple
de Dieu, attiraient son attention sur la nature bonne ou mauvaise de actions
du Peuple et l'exhortait à demeurer en état de sainteté avec Dieu. Il faut
comprendre par « mauvais présages » le jugement ou la colère de Dieu annoncés
par la bouche du prophète. Le prophète Jérémie juge donc ses semblables, à qui la
Parole de Dieu est adressée.
En réalité, le
prophète n’est que l’instrument de la justice de Dieu puisque ce n’est pas lui
qui juge le peuple mais plutôt la Parole de justice qu’il communique. Toutefois
nous retiendrons que le PROPHETE a vocation à juger ses semblables puisqu’il leur
véhicule la Parole de Dieu ou son jugement contenu dans cette Parole. Ainsi l’Homme
reconnait davantage la mauvaise nature de ses actes à la lumière de la Parole
ou du jugement émanant de la bouche du PROPHETE, tant que celui-ci parle au nom
de Dieu.
CONCLUSION
PARTIELLE :
Nous venons de
comprendre que Dieu notre Père a le droit de nous juger puisqu’il nous a créés.
En effet, après la chute, Dieu a jugé Adam et Eve indignes de demeurer dans le
jardin d’Eden. Ayant ensuite conféré à Moïse son Prêtre, le pouvoir de juger ou
de statuer sur la situation de ses semblables, il a étendu ce pouvoir, par ce
même Moïse, à des gens du peuple (Exode 18 :25-26), au Roi d’Israël (sur
demande du Peuple) et aux Prophètes qu’il s’est choisi.
L’Apôtre Paul s’adressant
à Timothée lui confirme le droit d’un serviteur de Dieu à juger le comportement
de ses semblables. Nous en sommes convaincus par la lecture du premier livre de
Timothée au chapitre 5 les versets 20 à 21, qui relate ces paroles de Paul à
Timothée: « Ceux qui pèchent, reprends-les devant tous, afin que les autres
aussi éprouvent de la crainte. 21 Je te conjure devant Dieu, devant Jésus
Christ, et devant les anges élus, d'observer ces choses sans prévention, et de
ne rien faire par faveur. ». L’on peut aisément comprendre que si l’on reprend
quelqu’un qui se trompe de chemin, l’on ne fait rien d’autre que le juger pour le
mauvais chemin qu’il emprunte.
III. MAIS OU SE SITUE LA
LIMITE DE NOS JUGEMENTS ?
Dieu ne délègue
qu’une partie de son jugement aux hommes, car le jugement possède essentiellement deux valeurs :
- celle
de condamnation avec possibilité pour le condamné de se repentir de ses
méfaits,
- celle
de condamnation perpétuelle c’est-à-dire sans aucune chance de répit offerte au
condamné.
Ainsi, l’Homme en
jugeant son semblable, ne doit pas le condamner à jamais mais plutôt lui
laisser la possibilité de changer de comportement en mettant en avant l’Amour
de Dieu pour lui. Paul le disait ainsi à Timothée en 2 Timothée 2:25-26 en lui
faisant des recommandations sur sa tâche de serviteur de Dieu: « 25 il doit
redresser avec douceur les adversaires, dans l'espérance que Dieu leur donnera
la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité, 26 et que, revenus à
leur bon sens, ils se dégageront des pièges du diable, qui s'est emparé d'eux
pour les soumettre à sa volonté. ». En d’autres termes, nos jugements ne
doivent pas avoir valeur de condamnation ferme et/ou définitive, mais doivent
plutôt exhorter autrui au changement, dans l’espérance que Dieu le fasse
parvenir à la connaissance de la Vérité qui est Jésus-Christ. Lire aussi 2
Timothée 4:2 « prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou
non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant. ».
Le type de jugement
qui prononcera la damnation éternelle de l’Homme n’est pas du ressort des Hommes
mais de celui de Dieu qui a tout remis entre les mains de son Fils Jésus-Christ
(Jean 5:22 : « 22 Le Père ne juge personne, mais il a remis tout
jugement au Fils, »). Il aura lieu à la fin des temps.
CONCLUSION
NOUS SAVONS DEJA que
le chrétien d’aujourd’hui en recevant le baptême au Nom du Père et du Fils et
du Saint-Esprit est à la fois Prêtre, Prophète et Roi. A l’instar de notre
Seigneur Jésus-Christ, nous sommes :
- Prêtres, parce que
nous offrons en sacrifice à Dieu et à nos frères toute notre vie et tout notre
être;
- Prophètes, parce
que nous annonçons la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ ;
- Roi, dans notre
dévouement pour la cause des autres et surtout parce que nous sommes héritiers
du Royaume de Dieu par Jésus-Christ.
OR, nous avons
expliqué précédemment, avec des exemples à l’appui, que la prérogative du
jugement est accordée par Dieu au Prêtre, au Roi et au Prophète.
Cela nous fait DONC
comprendre que le chrétien a le droit de porter un jugement sur ses semblables
et sur tout ce qui les concerne (1 Corinthiens 6:3 « 3 Ne savez-vous pas
que nous jugerons les anges? Et nous ne jugerions pas, à plus forte raison, les
choses de cette vie? »).
TOUTEFOIS, ce
jugement doit se faire selon la justice de Dieu qui est sa loi. Et quelle est
la loi de Dieu si ce n’est l’Amour de Dieu par le sacrifice de son Fils
Jésus-Christ qui nous invite par conséquent à l’Amour pour nos frères ? Notre
jugement vis-à-vis de nos frères doit laisser une place à la repentance et au
pardon (Lévitique 19 :15 : « 15 (…) tu jugeras ton prochain
selon la justice. » ; Matthieu 7:2 « 2 Car on vous jugera du
jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous
mesurez. »). Si nous jugeons sans faire preuve d’Amour pour le prochain,
nous nous condamnons nous-mêmes. Pourtant cela ne veut nullement dire que nous ne devons
pas porter de jugement sur autrui. Saint Paul nous dit en Romains 2 :1-13
que si nous jugeons autrui sans l’Amour de Dieu alors nous devrons être dans un
état irréprochable devant Dieu. Or qui est irréprochable devant Dieu ?
Personne, sinon celui à qui Dieu veut pardonner ses péchés. C’est ainsi qu’il
est écrit dans ce passage : « O homme, qui que tu sois, toi qui
juges, tu es donc inexcusable; car, en jugeant les autres, tu te condamnes
toi-même, puisque toi qui juges, tu fais les mêmes choses. 2 Nous savons, en
effet, que le jugement de Dieu contre ceux qui commettent de telles choses est
selon la vérité. 3 Et penses-tu, ô homme, qui juges ceux qui commettent de
telles choses, et qui les fais, que tu échapperas au jugement de Dieu? 4 Ou
méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa longanimité, ne
reconnaissant pas que la bonté de Dieu te pousse à la repentance? ». Si
nous n’avons pas l’Amour, tout ce que nous disons ou faisons est vain, nous dit
Saint Paul en 1Corinthiens 13 :1-13. Un jugement sur autrui s’il n’est pas
empreint d’amour entraine la condamnation de celui qui le prononce. Nous avons
donc pour but de véhiculer l’Amour de Dieu dans nos jugements vis-à-vis d’autrui
afin de l’inciter à la repentance et afin que son âme soit sauvée. Ce n’est qu’au
prix de l’amour que nous serons exemptés du jugement de Dieu à notre propre égard
et que nous gagnerons de nouvelles âmes à Christ.
PAR CONTRE, le
jugement sur autrui parce qu’il doit être empreint de l’Amour de Dieu ne doit
pas pour autant occulter l’état de péché ou présenter un caractère arbitraire (1Timothée
5 :21 : «(…) reprends-les devant tous (…) ne rien faire par faveur »).
Notre jugement doit être pertinent et ne souffrir d’aucune partialité…si ce n’est
au nom de l’Amour.
Sources: Bible Louis Segond (LSG).